Des vies en suspens sous la pluie : le cri des déplacés haïtiens

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Sous la pluie

Sous une pluie battante et des toiles de fortune, les déplacés internes de Port-au-Prince vivent dans une précarité grandissante. À Bois-Verna, dans l’ancien local du ministère de la Communication, ainsi que celui du ministère des Travaux publics à Delmas 33, transformés en site d’hébergement de fortune, hommes, femmes et enfants tentent de survivre dans des conditions inhumaines, livrés aux caprices du temps et à l’indifférence des autorités.

Dans ce bâtiment désaffecté, une odeur nauséabonde imprègne l’air. Des enfants, pieds nus, tentent de s’évader du quotidien en fabriquant des cerfs-volants en cette période pascale. À leurs côtés, des femmes enceintes, des personnes âgées et des personnes à mobilité réduite expriment leur exaspération, leur fatigue, leur résignation.

Des abris précaires, une détresse bien réelle

La pluie, tombée sans relâche cette semaine, a transformé les abris de fortune – faits de planches, de bâches et de toiles mal ajustées en pièges humides et dangereux. “On est mouillés même quand on reste à l’intérieur. On ne dort presque pas”, confie une femme sexagénaire, seule depuis plusieurs mois, qui dit attendre en vain l’aide des autorités. “Cela fait plus de deux ans que nous sommes ici. Et rien ne change.”

Selon plusieurs déplacés, l’aide humanitaire reste sporadique et insuffisante quelques plats chauds, de rares couvertures, parfois une citerne d’eau potable. Un jeune homme, en train de laver ses vêtements assis sur une banquette, fustige l’inaction du gouvernement : “Ils n’ont aucun plan. Pendant que les plus vulnérables souffrent, ils ne font qu’annoncer”, déplore ces derniers.

Une annonce méconnue, une réalité ignorée

Ce même 14 avril, le gouvernement avait pourtant prévu le lancement d’une nouvelle phase du programme d’assistance humanitaire à l’intention des déplacés de la région métropolitaine de Port-au-Prince. Selon les témoignages recueillis sur place, personne n’en avait entendu parler. L’initiative, censée distribuer des plats chauds aux sinistrés, reste pour eux un discours sans effet sur leur quotidien.

La veille, le 13 avril, le gouvernement avait également annoncé avoir distribué des bâches aux familles déplacées des camps de Delmas et de Bourdon pour les protéger contre les intempéries. Une mesure jugée tardive et insuffisante par ceux de Bois-Verna, laissés pour compte.

Pour beaucoup, l’espoir est simple : retourner chez eux ou, à défaut, quitter la capitale pour se réfugier en province. “Mais tant que les routes ne sont pas sécurisées, on est bloqués ici”, déplore un père de famille, les yeux rivés sur un ciel menaçant.

Malgré les promesses, les cris de détresse des déplacés continuent de résonner dans l’indifférence. Sur les visages, un mélange de fatigue, de colère et de résignation. Et dans les regards, un seul désir vivre dignement.

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