L’atmosphère reste tendue à l’avenue Christophe, en plein cœur de la capitale, où les commerçants tentent tant bien que mal de maintenir leurs activités dans un climat d’insécurité grandissante. Au lendemain des célébrations de Pâques, ce lundi, plusieurs détaillants n’ont pas caché leur frustration face à une situation qui paralyse pratiquement toute la vie économique de la zone.
Depuis les offensives des membres de la coalition criminelle “Viv Ansanm”, les quartiers du centre-ville de Port-au-Prince ont été durement frappés. Pillages, destructions, attaques ciblées, les marchands de l’avenue Christophe, à quelques encablures de l’avenue Jean Paul II, vivent désormais dans l’angoisse quotidienne.
Sur place, le constat est alarmant des étals clairsemés, une clientèle rare et des visages fermés. Une jeune marchande, déplacée du marché Salomon après avoir fui la violence des gangs, tente de reconstruire un semblant d’activité commerciale. “Je suis là depuis ce matin, j’ai installé mes produits alimentaires, mais il est midi et je n’ai vendu que pour 750 gourdes”, se désole-t-elle. “Les gens ont peur. Ce quartier est quasiment désert. Les bandits nous empêchent de vivre”, poursuit-elle, appelant les autorités à reprendre le contrôle de la situation.
Plusieurs commerçants affirment avoir été menacés à plusieurs reprises. Certains rapportent même des tentatives d’extorsion ou des attaques violentes. Pour eux, l’État reste invisible. “Les autorités ne font rien. On nous laisse à notre sort pendant que les bandits s’organisent”, lance un autre vendeur, visiblement excédé.
Cette tension survient dans un contexte où la coalition “Viv Ansanm” multiplie ses offensives pour étendre son contrôle sur des quartiers stratégiques de la capitale. Dans la nuit du 20 au 21 avril, une tentative d’incursion armée a été signalée dans la rue Capois, non loin de l’avenue Christophe, semant davantage la panique.
Alors que l’économie informelle représente une part importante de l’activité urbaine, cette instabilité chronique compromet non seulement les revenus de milliers de familles, mais aussi la sécurité alimentaire de nombreux foyers.
Face à ce calvaire, les commerçants attendent un signal fort de l’État. Une réponse urgente s’impose pour stopper l’hémorragie et permettre à ces citoyens de continuer à vivre dignement de leur travail.