Haïti-Politique: LE RAPPORT D’ENQUÊTE DU GROUPE D’EXPERTS DE L’ONU PRÉSENTERA BIENTÔT, PLUSIEURS ACTEUR HAÏTIEN INCLUS
BIENTÔT, PLUSIEURS ACTEUR HAÏTIEN INCLUS.
Le groupe d’experts de l’ONU, sera présenté ce vendredi 26 avril 2024, le rapport d’enquête sur la criminalité en Haïti, durant la période du 13 novembre 2023 au 15 février 2024, lors d’une séance d’information du comité des sanctions.
Selon ce qu’a révélé le groupe d’experts, la violence des gangs a atteint le plus haut de niveau et s’est propagée sur tout le territoire du pays avec des leaders de gangs sanctionnés qui continuent dans une violence armée très élevée malgré leur désignation officielle.
Le premier rapport que le groupe d’experts de l’ONU a rendu public le 18 octobre 2023 avait déjà annoncé que l’ancien président Michel Martelly et plusieurs parlementaires dont Youry Latortue, Prophane Victor et autres, ont fait partie de ceux qui participaient au financement des gangs dans le pays.
Selon les informations, des nouveaux noms sont ajoutés dans le dernier rapport du groupe d’experts, notamment des anciens présidents, premiers ministres, des ministres, parlementaires et des membres du secteur privé haïtien.
Dans le cadre de la célébration du Mois International de l’Audit Interne, la section haïtienne de l’Institut des Auditeurs Internes (IIA Haïti) organise un petit-déjeuner-débat spécial le vendredi 30 mai 2025, à l’hôtel El Rancho, à Pétion-Ville. Cette activité mettra en lumière le rôle de l’audit interne dans le renforcement de la résilience et de la performance des entreprises et des organisations, en particulier en période de crise.
IIA Haïti lance une invitation à tous les secteurs de la société, notamment les chefs d’entreprise, les dirigeants d’organisations, les membres du secteur privé ainsi que les représentants de l’administration publique, à participer à cet événement de réflexion. Ce petit-déjeuner-débat servira de cadre de dialogue pour que les acteurs clés puissent discuter des défis et des stratégies à adopter afin d’assurer un fonctionnement durable de leurs structures malgré un contexte difficile.
Nathanaël Jean-Louis, président actuel de l’IIA Haïti, a souligné l’importance de cette initiative lors d’une intervention au micro d’HaïtiExpression. Il a déclaré : « Dans un pays où les crises freinent le développement économique et institutionnel, il est essentiel de mettre en lumière comment l’audit interne peut devenir un outil clé pour orienter les décisions des responsables et garantir une gestion efficace des ressources. »
Ce petit-déjeuner-débat marque une étape importante dans les efforts déployés par IIA Haïti pour sensibiliser à l’importance stratégique de l’audit interne et renforcer les capacités des leaders haïtiens face à l’instabilité économique, sociale et politique.
L’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), communément appelé Hôpital Général, est aujourd’hui à l’agonie. Plus grand centre hospitalier et principal établissement de formation médicale post-universitaire du pays, il est situé au cœur de Port-au-Prince et représente un pilier indispensable du système de santé haïtien. Selon la collecte des données de l’institution, il accueillait depuis 2012 plus de 200 000 patients par an, soit en moyenne plus de 500 patients par jour. Mais aujourd’hui, l’HUEH a été frappé de plein fouet par l’insécurité qui gangrène le pays. Attaques armées, pillages, incendies : l’hôpital a été contraint de fermer ses portes, abandonnant des milliers de patients à leur sort.
Cette situation plonge un système de santé déjà en grande difficulté dans un état de mort cérébrale. Privé de son principal hôpital de référence, Haïti s’enfonce dans une catastrophe sanitaire aux allures apocalyptiques. L’absence de prise en charge des urgences, des maladies chroniques et des pathologies infectieuses menace des vies sur toute l’étendue du territoire national. En plus de priver la population de soins essentiels, la fermeture brutale de l’HUEH interrompt la formation des futurs médecins, spécialistes, infirmières et sages-femmes, tout en provoquant l’exode accéléré et forcé du personnel soignant. Ces derniers, déjà largement en sous-effectif, fuient un environnement devenu invivable, aggravant une situation où le pays compte bien moins que les 25 professionnels de santé pour 10 000 habitants recommandés par l’OMS.
Ce drame survient dans un contexte où l’accès aux soins de santé reste un défi majeur. À peine 10 % de la population vit à moins d’un kilomètre d’un centre de santé, tandis que 42 % doivent parcourir plus de 10 kilomètres pour en trouver un, et environ 22 % des régions du pays ne disposent d’aucune infrastructure sanitaire.
Le système d’assurance santé, quant à lui, ne couvre qu’une infime partie de la population, soit moins de 10 %. Selon la Banque mondiale, l’espérance de vie à la naissance en 2022 était de 63,73 ans, bien en dessous de la moyenne mondiale estimée à 72,6 ans par l’Organisation mondiale de la santé. Les dépenses publiques de santé s’élevaient à seulement 7 dollars par habitant.
À titre de comparaison, en République dominicaine voisine, lors de cette même année, près de 98 % de la population bénéficiait d’une assurance santé. L’espérance de vie y atteignait 74,17 ans, avec des dépenses publiques de santé par habitant de 270 dollars.
Face à cette menace croissante qui met en péril à la fois des vies humaines, des rêves et des carrières, la mobilisation s’intensifie : étudiants, médecins et professionnels de la santé s’organisent pour empêcher le pire.
Quelle est l’importance, la place et le poids de l’HUEH dans le système de santé haïtien, et comment sa fermeture affecte-t-elle l’ensemble du réseau de soins du pays ? Comment l’HUEH, pilier historique du système de santé haïtien, en est-il arrivé à devenir une cible dans un climat d’insécurité généralisée ? Quelles sont les répercussions de sa fermeture sur la formation des futurs professionnels de santé et sur l’accès aux soins pour la population ? Face à l’effondrement de l’un des plus grands centres hospitaliers du pays, quelles solutions urgentes peuvent être envisagées et quelles exigences formulées par les étudiants en sciences de la santé pour assurer la continuité des soins et la formation des futurs professionnels de la santé ? Comment l’insécurité constitue-t-elle un obstacle à la vie et la santé en Haïti ?
Rôle, importance et place de l’HUEH dans la pyramide du système de santé haïtien
L’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) représente un pilier essentiel du système de santé haïtien, non seulement par son rôle dans les soins médicaux, mais aussi par ses contributions précieuses à la formation des professionnels de santé compétents et à la recherche scientifique. Fondé en 1916, à la suite de la fusion de l’Hôpital Militaire et de l’Hospice de Saint-Vincent de Paul, l’objectif initial était de créer un hôpital civil destiné à la population de Port-au-Prince. Ce n’est qu’en 1968, avec l’article 1 du décret du 26 septembre, que l’Hôpital Général est officiellement transformé en HUEH. Ce texte de loi définit les trois grandes fonctions de l’institution : offrir des soins, former des professionnels de santé et mener des recherches médicales et paramédicales. C’est dans ce contexte que l’HUEH occupe une place centrale dans le système de santé haïtien.
Ce système est organisé de manière pyramidale et se divise en trois niveaux distincts, chacun ayant des fonctions et des responsabilités spécifiques. Au premier niveau, on retrouve les services de santé de base ou primaires, qui sont eux-mêmes répartis en trois échelons. Le premier échelon comprend les centres communautaires de santé, ou services de santé de premier échelon (SSPE), qui offrent des soins aux sections communales les moins peuplées, assurant ainsi un accès de proximité aux soins. Le deuxième échelon est constitué des centres de santé, ou services de santé de deuxième échelon (SSDE), qui desservent les chefs-lieux de commune et offrent des soins plus complets. Enfin, le troisième échelon, les hôpitaux communautaires de référence (HCR), dessert les chefs-lieux d’arrondissement et sert de point de référence pour les cas plus complexes dans ces zones.
Le deuxième niveau du système de santé haïtien est représenté par les hôpitaux départementaux, qui offrent des soins spécialisés à la population des départements. Ces hôpitaux jouent un rôle clé en fournissant des traitements médicaux plus avancés que ceux proposés au premier niveau, bien qu’ils ne soient pas aussi spécialisés que ceux du troisième niveau. Ils s’occupent de cas nécessitant une expertise plus poussée et des équipements adaptés aux besoins des patients dans ces régions.
Au sommet de la pyramide se trouve le troisième niveau, qui comprend les hôpitaux universitaires et spécialisés, avec l’Hôpital Universitaire de l’État d’Haïti (HUEH) occupant une place de tout premier plan. À la différence des autres hôpitaux universitaires, il abrite des services clés de référence nationale, tels que l’oto-rhino-laryngologie (ORL), la néonatologie, les soins aux grands brûlés, l’urologie et la dialyse. Ce niveau est destiné à fournir des soins tertiaires, les soins les plus spécialisés, des soins de réhabilitation, qui concernent des traitements complexes nécessitant une expertise médicale avancée et l’utilisation d’équipements spécialisés. L’HUEH est ainsi le principal centre de soins tertiaires du pays, prenant en charge des maladies graves et chroniques qui ne peuvent être traitées par les structures des deux premiers niveaux.
En qualité du plus grand centre hospitalo-universitaire du pays, l’HUEH joue un rôle majeur dans la formation des professionnels de santé. Chaque année, plus de 500 étudiants, allant de DCEM1 (première année du deuxième cycle des études médicales, soit la troisième année du cursus médical) à l’internat (sixième année du cursus médical), de la Faculté de Médecine et de Pharmacie (FMP-EBMO/UEH), la plus ancienne faculté en sciences de la santé du pays, y réalisent leurs stages cliniques. L’HUEH accueille des externes, des internes, des résidents, des étudiants en sages-femmes de l’Institut National Supérieur de Formation de Sages-Femmes (INSFSF), ainsi que des étudiants en science infirmière de la Faculté des Sciences Infirmières de Port-au-Prince (FSIP), qui bénéficient d’une formation pratique de qualité. Ces futurs spécialistes de la santé jouent un rôle crucial dans la qualité des soins prodigués à travers le pays.
L’HUEH se distingue également en étant l’hôpital qui offre le plus grand nombre de services médicaux de tout le pays, tout en demeurant un établissement à coût abordable, faisant de lui, par la même occasion, le plus grand hôpital public de la République. Parmi les services qu’il propose, on trouve la médecine interne, les urgences, la chirurgie, la pédiatrie, l’obstétrique-gynécologie, la radiologie, l’orthopédie et traumatologie, l’urologie, l’anesthésiologie, l’ophtalmologie et l’oto-rhino-laryngologie, la dermatologie, la médecine préventive, entre autres. Cette large gamme de services permet à l’HUEH de répondre aux besoins variés de la population haïtienne, tout en garantissant des soins de qualité à des prix accessibles, même dans les situations les plus critiques et chaotiques.
En parallèle de sa mission de formation et de soins, l’HUEH mène des recherches approfondies dans les domaines médicaux et paramédicaux, en particulier sur les problèmes de santé locaux tels que le VIH/SIDA, le paludisme, l’insuffisance rénale, la mortalité infantile et maternelle, ainsi que d’autres défis sanitaires spécifiques à Haïti. Ces recherches contribuent à améliorer la compréhension et la gestion des maladies dans le contexte haïtien.
Ainsi, l’HUEH ne se limite pas à un rôle d’établissement de soins. Il constitue un pilier fondamental du système de santé haïtien, agissant à la fois comme centre de référence, d’enseignement et de recherche. Ce rôle multifacette, combiné à sa capacité à offrir des soins tertiaires de qualité et des services accessibles, fait de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti une ressource indispensable pour Haïti, contribuant à l’amélioration continue du système de santé national tout en répondant aux besoins sanitaires les plus complexes de la population haïtienne.
Attaques armées : l’HUEH pris pour cible
Dans le sillage de l’offensive éclair menée par des groupes armés le 29 février 2024, l’Hôpital Général, le plus grand centre hospitalier du pays, s’est retrouvé parmi les nombreuses infrastructures publiques et privées prises pour cible. Dès le jour de l’attaque, ce centre hospitalier a été contraint de fermer ses portes, abandonné à son sort et soumis à une série d’assauts successifs. Pillages, actes de vandalisme et incendies ont gravement compromis sa mission essentielle : soigner la population, en particulier les plus vulnérables, tout en assurant la formation des personnels médicaux et la recherche biomédicale, en tant qu’hôpital de niveau 3.
Le 1ᵉʳ avril 2024, après de violents affrontements aux abords de l’établissement, les groupes armés en ont pris le contrôle, déclenchant une nouvelle vague de destructions et de pillages. L’hôpital, déjà en situation critique, a sombré un peu plus dans le chaos. Malgré les promesses répétées des autorités, qui avaient fait de sa réouverture une priorité, aucune action concrète n’a suivi. Le 24 décembre 2024, l’ancien ministre de la Santé, Dr Duckenson Lorthé BLEMA, avait annoncé une reprise des activités. Mais ce jour-là, tout a basculé : deux journalistes ont été tués, plusieurs autres blessés, et un policier a également perdu la vie. Cet événement tragique a marqué un tournant sombre pour l’HUEH, qui, depuis, semble voué à l’oubli. Jusqu’au 13 février 2025, où les gangs armés ont décidé d’incendier une partie des bâtiments abritant des services vitaux : orthopédie, chirurgie, radiologie, archives centrales, salles d’opération, physiothérapie et ophtalmologie. Ce jour-là, le plus grand centre hospitalier du pays a franchi le dernier seuil vers l’effondrement total, après une longue série de péripéties.
Aujourd’hui, l’HUEH, autrefois symbole de soins et de formation médicale, est devenu l’image même de l’effondrement d’un système de santé déjà fragile, victime de l’instabilité et de la violence qui ravagent le pays.
Plus d’un an après, personne n’est en mesure de fournir un bilan précis des pertes subies par l’Hôpital Général. Cependant, les impacts de sa fermeture ne cessent de se faire sentir. La fermeture de l’HUEH complique considérablement la prise en charge des demandeurs de soins dans un pays où les infrastructures de santé sont déjà dans une situation lamentable. Elle rend également plus difficile la formation des futurs médecins, infirmières, sages-femmes et biologistes médicaux, dans un contexte où les personnels qualifiés se font de plus en plus rares.
Une catastrophe pour les étudiants et la population
L’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) représente bien plus qu’un simple centre de soins : c’est le principal terrain de formation pour les étudiants en médecine, les internes, les résidents, ainsi que pour les étudiants en sciences infirmières et en sage-femme. Étroitement lié à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de l’Université d’État d’Haïti, il joue un rôle crucial dans l’encadrement pratique des futurs professionnels de santé. Selon le site officiel de la Faculté, celle-ci accueille une communauté étudiante d’environ 1600 étudiants et admet chaque année, par concours, 215 nouveaux étudiants. Ces derniers sont répartis entre les différentes sections comme suit : 125 en médecine, 50 en pharmacie, 25 en biologie médicale et 15 en optométrie. La fermeture de l’HUEH, causée par l’insécurité grandissante et le contrôle des gangs armés sur la région métropolitaine de Port-au-Prince, plonge ainsi la formation médicale dans une crise sans précédent.
Pour les étudiants en médecine : un apprentissage privé de réalité clinique. Les étudiants apprennent à diagnostiquer et traiter les maladies grâce aux stages hospitaliers. Avec la fermeture de l’HUEH, ils sont privés de cette immersion essentielle. Ils ne peuvent plus interagir avec les patients, observer des cas cliniques variés, ni s’entraîner aux examens physiques et aux gestes médicaux.
La réponse du décanat de la Faculté de Médecine et de Pharmacie a été de renforcer l’enseignement théorique, notamment via des cours en ligne avec les moniteurs de stage. Mais cette solution est loin d’être efficace pour les raisons suivantes :
L’accès à Internet est limité, une réalité dans la vie quotidienne de nombreux étudiants, ce qui empêche un suivi régulier ;
Les connaissances restent abstraites, sans mise en pratique réelle sur le terrain ;
L’absence de mentors cliniques empêche les étudiants d’apprendre directement auprès de médecins expérimentés.
En conséquence, cette génération d’étudiants risque d’obtenir un diplôme avec une formation incomplète, ce qui soulève de graves inquiétudes sur la qualité des futurs professionnels dans le pays.
Quant aux internes : un parcours bloqué et des alternatives précaires.
Les internes — dont le nombre annuel avoisine les 125 — sont particulièrement affectés par cette fermeture. En dernière phase de formation avant d’être officiellement médecins, ils doivent valider un certain nombre de compétences cliniques, ce qui est devenu presque impossible sans accès aux patients.
Face à cette situation, plusieurs cas de figures peuvent se présenter :
Certains internes cherchent des stages dans d’autres hôpitaux, mais la majorité des établissements de Port-au-Prince ou presque tous, sont soit débordés, soit également touchés par l’insécurité ;
D’autres envisagent d’émigrer pour terminer leur formation, les plus chanceux, ou changer même d’orientation pour certains autres, une situation de plus contribuant à la fuite des talents médicaux ;
Certains voient leur formation suspendue, sans savoir quand ils pourront reprendre leur cursus normalement. Cette situation crée un goulet d’étranglement dans le parcours académique des futurs médecins, retardant leur intégration dans le système de santé.
En dernier lieu, les médecins résidents ne sont pas épargnés par la crise sécuritaire qui secoue la population et le système de santé haïtien. Bien au contraire, ils figurent parmi les professionnels les plus durement affectés. Déjà confrontés à des conditions de travail précaires — rémunération dérisoire, manque criant de matériel, encadrement limité —, ils évoluent désormais dans un climat d’incertitude totale quant à leur avenir professionnel. Chaque année, l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) accueille en moyenne 56 résidents, répartis dans ses différents services spécialisés : Médecine interne (10), Pédiatrie (8), Gynécologie-obstétrique (6), Chirurgie générale (3), Orthopédie (4), Urologie (2), Oto-rhino-laryngologie (3), Ophtalmologie (4), Anesthésiologie (6), Dermatologie (4) et Radiologie (6). Autant de jeunes médecins, animés par le désir profond de soigner et de contribuer au bien-être de la population, mais qui se heurtent chaque jour à un système à bout de souffle, incapable de leur offrir les moyens de leur engagement et la dignité de leur vocation.
Avec la fermeture de l’HUEH :
Les services hospitaliers ont cessé de fonctionner, empêchant les résidents de se former. L’anatomopathologie, par exemple, est pratiquement à l’arrêt depuis 2019.
Les résidents en chirurgie, médecine interne ou pédiatrie etc… ne peuvent plus pratiquer les interventions et soins qu’ils doivent maîtriser avant d’exercer seuls. L’option de partir à l’étranger devient la seule alternative viable, ce qui réduit encore davantage le nombre de spécialistes disponibles en Haïti.
Cette situation compromet l’avenir même des spécialités médicales dans le pays. L’insécurité actuelle est en train de sacrifier toute une génération de médecins. Si les résidents ne peuvent pas être formés, qui prendra en charge les soins spécialisés dans les années à venir ?
Si rien n’est fait rapidement, Haïti risque de former une génération de médecins avec des lacunes importantes en pratique clinique. Cette situation pourrait avoir des conséquences dramatiques:
Une baisse de la qualité des soins médicaux, mettant en danger la vie des patients.
Un accroissement de la fuite des cerveaux médicaux, aggravant la pénurie de professionnels de santé.
Une crise sanitaire durable, car un système de santé ne peut fonctionner sans médecins bien formés.
Parallèlement, depuis la fermeture de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) en février 2024, la pression sur les hôpitaux restants de Port-au-Prince n’a cessé d’augmenter. Les hôpitaux restants, déjà fragilisés par l’insécurité et la pénurie de ressources, sont désormais submergés. Les populations en provenance de la capitale et des départements voisins affluent dans ces centres de soins, où les capacités d’accueil sont limitées.
C’est le cas de l’Hôpital Universitaire La Paix (HUP) à Delmas 33, un des rares établissements fonctionnels en ce moment. La clinique externe de cet hôpital reçoit désormais jusqu’à 375 patients par jour, tandis que les services d’urgence traitent environ 80 malades quotidiennement, selon les déclarations du Dr Paul Junior FONTILUS, directeur exécutif de l’hôpital. Cette hausse des admissions représente une augmentation de 60 % à 90 % pour la clinique externe et de près de 100 % pour les urgences.
La disparition de l’HUEH prive ainsi des milliers de patients d’un accès à des soins spécialisés, parfois vitaux, exacerbant la morbidité et la mortalité liées à des pathologies jusque-là évitables, telles que les maladies chroniques, le diabète, l’hypertension, ou encore l’insuffisance rénale chronique.
L’HUEH assurait une prise en charge essentielle pour les urgences médicales, chirurgicales et obstétricales. Les urgences liées aux infections sévères, comme le VIH/SIDA et les flambées épidémiques, se retrouvent sans un suivi adéquat, mettant davantage en péril la santé publique. Selon un article de Jérôme Wendy NORESTYL, publié en avril 2024 par AyiboPost, plus d’un millier de patients séropositifs au VIH se trouvent actuellement sans accès à leurs traitements, dispersés dans des camps de réfugiés à Port-au-Prince. En raison de l’insécurité, nombre d’entre eux fuient vers leur ville d’origine en province, ce qui accroît la pression sur des structures de santé souvent déjà démunies.
Cette situation se déroule dans un contexte de crise humanitaire aiguë, où des dizaines de milliers de déplacés, vivant dans des conditions précaires dans des abris de fortune, augmentent encore la demande en soins de santé.
La capacité de réponse face aux épidémies, notamment en cas de flambées de choléra, est également fortement réduite, mettant ainsi en danger une population déjà vulnérable. La fermeture de l’HUEH a donc des conséquences dramatiques non seulement sur la qualité des soins, mais aussi sur la sécurité sanitaire du pays, aggravant ainsi une situation déjà tendue. Les autorités sanitaires et les organisations internationales doivent intervenir de toute urgence pour soutenir les hôpitaux restants, permettre la remise en service, dans les plus brefs délais, de l’HUEH, et garantir ainsi un accès aux soins pour la population haïtienne.
L’insécurité, un obstacle à la vie et à la santé en Haïti
La violence armée qui sévit en Haïti n’épargne personne, pas même les hôpitaux. L’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), le plus grand centre hospitalier public du pays, a dû fermer ses portes en mars 2024, laissant derrière lui des milliers de patients sans soins. Mais il ne s’agit pas d’un cas isolé : plusieurs institutions médicales à travers le pays sont aujourd’hui sous la menace directe des gangs. L’Hôpital Saint François de Sales a été complètement vandalisé par des groupes armés au début du mois de mars 2024. En juillet 2023, une vingtaine d’hommes armés et cagoulés ont fait irruption dans le bloc opératoire de l’hôpital de Médecins Sans Frontières à Tabarre (MSF) et ont emmené un patient. Plus récemment, en mars 2025, quatre véhicules de Médecins Sans Frontières ont été la cible de groupes armés qui s’étaient installés à quelques mètres du centre d’urgence de Turgeau, contraignant l’organisation à suspendre ses activités et à évacuer son personnel. Un autre pilier du système de soins est également menacé : l’Hôpital Universitaire de Mirebalais, à la suite des récentes attaques sur la ville de Mirebalais. À cela s’ajoutent la vandalisation d’autres structures de santé, notamment l’Hôpital de Delmas 18, l’Hôpital Bernard Mevs, les centres GHESKIO, le Centre de santé Saint-Martin, le Centre de santé Fanmi Lasante, ainsi que plusieurs pharmacies et laboratoires, par exemple RadioLab.
Les professionnels de la santé, eux aussi, sont devenus des cibles. Enlèvements, menaces, assassinats : les soignants exercent désormais dans la peur, quand ils ne sont pas forcés de fuir le pays. Dans de telles circonstances, soigner est devenu un acte de bravoure. Le système de santé perd ainsi chaque jour des bras indispensables. Selon l’Association Médicale Haïtienne (AMH), plus d’une trentaine de médecins ont été kidnappés entre janvier 2022 et mars 2023, dans un pays qui ne compte en moyenne que 6,5 professionnels de santé pour 10 000 habitants — un chiffre bien en dessous du seuil minimal recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
La situation est particulièrement dramatique pour la population haïtienne, qui se trouve non seulement confrontée à des difficultés pour accéder aux soins en raison de la fermeture de nombreux services de santé, mais aussi à une insécurité croissante. De plus, la peur d’être pris entre deux feux pousse de nombreuses personnes à éviter de se rendre à l’hôpital, même en cas d’urgence. Cette réalité se reflète dans les chiffres concernant les hôpitaux dominicains, qui sont fortement sollicités par les Haïtiens en raison de la situation sanitaire précaire dans leur propre pays.
Le Référentiel d’Information et de Statistiques des Services de Santé révèle que, durant l’année 2024, 592 810 consultations, soit 8,13 % du total, ont été offertes dans les hôpitaux publics dominicains à des patients d’origine haïtienne. De plus, les services d’urgence des hôpitaux dominicains ont accueilli 480 332 patients d’origine haïtienne, représentant 9,47 % du total enregistré pour l’année. Concernant les naissances, les hôpitaux ont enregistré 32 967 naissances de mères haïtiennes, soit 36 % des 91 661 naissances au total en 2024. Ces données témoignent de la pression accrue exercée sur le système de santé dominicain, conséquence directe du chaos qui règne en Haïti, nourri par une insécurité mortifère et politicide qui broient vies humaines et institutions.
Haïti vit une urgence sanitaire silencieuse. Ce climat de terreur plonge le pays dans une crise humanitaire sans précédent. Si rien n’est fait, Haïti court vers un effondrement total de son système de santé — une situation qui menace directement la pérennité de la vie dans la République. L’État, paralysé, semble incapable de garantir le droit fondamental à la santé.
Les revendications et les exigences de la communauté estudiantine
Face à l’effondrement de L’HUEH, les étudiants demandent :
La délocalisation temporaire et indépendante des services de L’HUEH
L’HUEH est un lieu incontournable pour la formation des futurs médecins et des autres professionnels de la santé en Haïti. C’est ici que nous, étudiants, réalisons la majeure partie de nos stages cliniques, ce qui est essentiel à notre apprentissage. Cependant, avec la fermeture et l’incendie de l’hôpital par des gangs armés, notre formation est mise en péril. L’absence d’un environnement d’apprentissage sécurisé et adéquat pour les stages hospitaliers entrave notre capacité à devenir des médecins compétents et bien préparés. Cela met également en danger la qualité de formation des générations futures des professionnels de santé haïtiens.
Face à cette situation intolérable, nous demandons la délocalisation temporaire et indépendante de l’HUEH, dans les plus brefs délais, vers des structures sûres et capables d’assurer la continuité des soins pour la population et de permettre aux étudiants de poursuivre leur formation. Cette délocalisation devrait faire de manière organisée et coordonnée, en répartissant les différents services hospitaliers dans des établissements sécurisés, tout en respectant les normes de qualité.
Le réaménagement et la remise en service immédiate de L’HUEH
Le réaménagement et la remise en service de L’HUEH devront être une priorité pour les autorités, afin de garantir la pérennité de cet établissement médical clé pour la population haïtienne. L’HUEH joue un rôle crucial dans la prestation de soins médicaux de qualité, l’enseignement, et la recherche, et sa modernisation est indispensable face aux défis contemporains auxquels il est confronté.
Les récents évènements qui ont secoués l’hôpital, notamment les attaques armées, les incendies criminels et les dégâts matériels conséquents ont gravement compromis l’intégrité des infrastructures et la capacité de l’établissement à fournir des soins de qualité à la population haïtienne. Pourtant malgré ces difficultés, il est impératif de rappeler que L’HUEH demeure une institution irremplaçable. Sa fermeture, même partielle entraîne des conséquences directes sur la santé publique et sur la formation des professionnels de santé, ce qui rend son réaménagement et sa remise en service immédiate plus urgents que jamais.
La protection et la sécurisation des hôpitaux
Face à l’insécurité, la protection et la sécurisation de nos hôpitaux représentent un défi majeur dans un contexte où les violences armées, les gangs et l’instabilité politique affectent de nombreuses régions du pays. En plus des risques liés aux catastrophes naturelles et aux problèmes d’infrastructures vieillissantes, la sécurisation des hôpitaux est de plus en plus une priorité. La situation d’insécurité impacte directement l’accès aux patients, la sécurité du personnel et des patients, ainsi que la préservation des équipements médicaux.
L’insécurité nécessite une approche multidimensionnelle, englobant des mesures de sécurité physique, de gestion des risques sociaux et politiques, ainsi que la collaboration avec les forces de sécurité. Compte tenu de la vulnérabilité des hôpitaux aux violences armées et aux intrusions, des actions concrètes doivent être mises en place pour protéger à la fois les patients, le personnel et les équipements. L’engagement des autorités locales, des partenaires internationaux et des organisations de la société civile est crucial pour assurer un environnement de soins sûr et efficace.
Face à l’effondrement brutal du système de santé, à la fermeture des hôpitaux, à l’exode des professionnels et à l’abandon des patients, Haïti semble glisser dangereusement vers une zone de non-retour. L’insécurité gangrenée qui paralyse le pays n’épargne plus aucun secteur vital, et la santé publique en paie aujourd’hui le prix fort.
Mais dans ce chaos, une lueur persiste : celle des étudiants en sciences de la santé, qui se tiennent comme un seul homme pour sonner l’alarme. Par notre mobilisation, nous refusons de rester spectateurs de l’effondrement. Nous luttons pour empêcher le pire — l’extinction pure et simple de la nation haïtienne.
Plus qu’une urgence sanitaire, c’est la survie même de la République qui est en jeu. La communauté nationale comme internationale ne peut plus détourner le regard. Agir, c’est protéger non seulement des structures, mais des vies — celles de tout un peuple qui refuse de disparaître dans le silence et l’indifférence.
UT OMNIBUS PROSINT !
Auteurs :
Dr Gérald VERNELUS, professeur à la FMP-EBMO/UEH
Jephté Emmanuel MATHIEU, interne à l’Hôpital Universitaire Justinien
Pierre Denshon LOLO, étudiant en DCEMIII à la FMP-EBMO/UEH
Esdras PAUL, étudiant en DCEMI à la FMP-EBMO/UEH
Dave Andy LAFORTUNE, étudiant en DCEMI à la FMP-EBMO/UEH
Woodiny COUBA, étudiant en DCEMI à la FMP-EBMO/UEH
Marc Andelor BENJAMIN, étudiant en PCEMII à la FMP-EBMO/UEH
La Banque de la République d’Haïti (BRH) a réaffirmé son engagement pour la stabilité économique et la transition vers une finance inclusive et verte. Lors d’une rencontre avec le FMI le 26 avril, son gouverneur, Ronald Gabriel, a salué les avancées du Programme de Référence (SMP), dont la première revue a été jugée positive.
La BRH a annoncé une nette amélioration de ses réserves internationales, passées de 350 millions USD en septembre 2023 à plus de 1 milliard en avril 2025. Cette performance a contribué à stabiliser le taux de change, un indicateur clé dans un contexte économique fragile.
La rencontre a aussi permis de faire le point sur la reprise des audits publics, grâce à la reconstitution des données pour les années 2022–2023. Des mesures sont également prévues pour soutenir les petites et moyennes entreprises (PME) et réduire les prêts non performants.
Un plaidoyer pour plus de flexibilité
Face aux défis sécuritaires, la BRH a demandé une certaine souplesse dans les délais imposés par le FMI, tout en réaffirmant sa volonté de respecter les critères du programme et de maintenir la transparence.
Des projets pour l’environnement et l’inclusion
La veille, le 25 avril, la BRH a participé à une table ronde sur la finance verte et inclusive, organisée par l’Alliance for Financial Inclusion (AFI), en marge des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale.
À cette occasion, le gouverneur Gabriel a présenté plusieurs initiatives, dont la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière (SNIF), e Plan National d’Éducation Financière (PNEF), le soutien aux Fintechs (circulaire 121), le crédit agricole (circulaire 108), le refinancement vert (circulaire 113), le projet Booster PME, dédié aux entreprises écologiques et les moratoires de crédit en période de crise (circulaire 115-6).
Ces actions visent à élargir l’accès aux services financiers tout en intégrant les enjeux climatiques dans les politiques économiques. La BRH veut ainsi accompagner le pays vers une économie plus stable, équitable et résiliente.
À l’occasion des réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, la Banque de la République d’Haïti (BRH) a présenté, le 23 avril 2025, les principales mesures mises en place pour faire face à la crise économique. Cette présentation s’est tenue lors d’une réunion de circonscription présidée par André Roncaglia.
Dans un contexte marqué par une récession prolongée et une insécurité persistante, la BRH a exposé les actions entreprises pour stabiliser l’économie nationale. Parmi les mesures évoquées dont la gestion stricte de la liquidité pour freiner l’inflation ; un appui ciblé aux institutions financières pour préserver l’accès au crédit, notamment pour les petites et moyennes entreprises (PME) et le respect des engagements dans le cadre du programme de référence (SMP), malgré les difficultés économiques.
Il a aussi évoqué la priorité accordée aux micro, petites et moyennes entreprises (MPME) à travers l’Agenda Monétaire pour la Croissance et l’Emploi et la création d’une série de fonds (capitalisation, garantie, soutien) pour aider les MPME et les institutions de microfinance, durement touchées par la crise.
La BRH a également insisté sur l’importance de renforcer la coopération régionale pour mieux répondre aux défis économiques, sociaux et migratoires que connaît le pays.
Cette intervention visait à rappeler l’engagement de l’institution à soutenir la relance économique d’Haïti, tout en consolidant la stabilité financière dans un environnement incertain.
À l’occasion de la Semaine mondiale d’action pour l’éducation (SMAE), qui se déroulera du 28 avril au 5 mai 2025, le Regroupement Éducation Pour Toutes et Tous (REPT) appelle les organisations et institutions haïtiennes à se mobiliser en faveur de la protection du système éducatif, aujourd’hui en situation critique.
Dans une note de presse publiée le 22 avril, le REPT alerte sur la crise profonde que traverse l’éducation en Haïti. Des milliers d’enfants ne peuvent plus aller à l’école, notamment à cause de l’insécurité croissante, surtout dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, où les violences affectent directement élèves, enseignants et établissements scolaires.
Le thème retenu cette année par la Campagne mondiale pour l’éducation est clair : « Protégez l’éducation dans les situations d’urgence maintenant ». Il met l’accent sur le droit à l’éducation pour toutes et tous, même dans les contextes de conflits, de catastrophes naturelles ou de crises climatiques.
Dans ce contexte, le REPT prévoit une série d’activités de plaidoyer au cours de la semaine. Parmi les principales actions envisagées : Demander la mise en place d’une politique nationale d’éducation en situation d’urgence, avec des programmes concrets et des financements adaptés ; appeler à l’implémentation immédiate de ces programmes ; revendiquer la formation et l’accompagnement des enseignants dans les contextes de crise ; lancer des campagnes de sensibilisation pour encourager la mobilisation citoyenne autour de l’éducation ; renforcer le soutien psychosocial pour les élèves et enseignants et promouvoir l’inclusion des personnes en situation de handicap dans l’éducation d’urgence.
Le REPT souligne également que l’insécurité persistante, surtout dans la capitale, combinée à la vulnérabilité du pays face aux catastrophes naturelles, représente une menace constante pour le droit à l’éducation en Haïti.
« Le REPT, en poursuivant son engagement pour une éducation de qualité, compte sur la participation de toutes les forces vives du pays », conclut la note signée par M. William Théluslond, directeur exécutif du regroupement.
La cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), Maria Isabel Salvador, a tiré la sonnette d’alarme ce lundi 21 avril 2025, lors de la 15e réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies consacrée à la crise haïtienne. Elle a évoqué un contexte national en décomposition, risquant d’atteindre un point de non-retour, et accusé certains acteurs politiques d’exploiter la crise sécuritaire pour affaiblir davantage le pouvoir en place.
Dans son intervention, la diplomate s’est montrée pessimiste quant à la possibilité d’une solution durable sans un appui fort et continu de la communauté internationale. « Les autorités nationales ont intensifié leurs efforts, dans la limite de leurs moyens, pour renforcer les forces de sécurité et améliorer la coordination entre la police, les Forces armées d’Haïti et la Mission multinationale de soutien à la sécurité », a-t-elle déclaré. Néanmoins, elle souligne que ces efforts restent insuffisants face à l’emprise croissante des gangs armés, qui contrôlent désormais une grande partie de la capitale et élargissent chaque jour leur territoire.
Maria Isabel Salvador dénonce également une scène politique minée par la manipulation, la corruption et la mauvaise gouvernance. Selon elle, certains groupes instrumentalisent la violence pour conserver ou conquérir le pouvoir. Elle appelle le Conseil de sécurité à prendre des mesures fermes et adaptées, estimant qu’il est « essentiel que toute action renforce les institutions de sécurité, dans le respect de l’État de droit, sous autorité civile, et en conformité avec les normes internationales en matière de droits humains ».
Par ailleurs, la représentante de l’ONU salue les initiatives du gouvernement haïtien, notamment les consultations nationales liées au référendum, à la conférence nationale, ainsi que les démarches du Conseil électoral provisoire (CEP) en vue de la tenue d’élections avant le 7 février 2026.
Mais elle reste claire, la situation sécuritaire et politique demeure extrêmement fragile. Selon elle, le véritable défi réside dans le renforcement effectif de la Police nationale d’Haïti (PNH) et de la Mission multinationale dirigée par le Kenya, afin de contenir l’expansion des gangs, dont la montée en puissance ne faiblit pas.
Le Conseil Présidentiel de Transition a exprimé sa profonde émotion à l’annonce du décès du Pape François, survenu ce lundi 21 avril 2025. Dans un communiqué officiel, les membres du Conseil ont rendu hommage à une figure marquante de paix, de justice et de solidarité.
Le Conseil a salué l’engagement du souverain pontife en faveur des plus démunis et de la dignité humaine. « Il a su toucher les cœurs par sa foi, son humilité et son dévouement envers les plus vulnérables », souligne le message.
Au nom du peuple haïtien, le Conseil a adressé ses condoléances à l’Église catholique, à la communauté chrétienne d’Haïti et au Saint-Siège. Le message se conclut par un vœu : que l’héritage du Pape François continue d’inspirer le monde.
Le pape François est décédé à l’âge de 88 ans des suites d’un accident vasculaire cérébral, selon un communiqué du Vatican. Son décès est survenu à 7h35, heure locale, dans sa résidence de la Casa Santa Marta, au Vatican. Le certificat de décès a été signé par le directeur de la Santé et de l’Hygiène du Vatican, Andrea Arcangeli.
Depuis plusieurs semaines, le pape souffrait de graves problèmes respiratoires. Il avait été hospitalisé pendant 38 jours à l’hôpital Gemelli de Rome, avant de regagner le Vatican le 23 mars dernier. Son dossier médical évoque une insuffisance respiratoire aiguë liée à une pneumonie bilatérale d’origine microbienne, compliquée par une bronchite chronique. Il souffrait également d’hypertension et de diabète.
Le décès du Pape François marque la fin d’un pontificat profondément ancré dans les valeurs humaines, et laisse un vide dans le cœur de millions de fidèles à travers le monde.
L’atmosphère reste tendue à l’avenue Christophe, en plein cœur de la capitale, où les commerçants tentent tant bien que mal de maintenir leurs activités dans un climat d’insécurité grandissante. Au lendemain des célébrations de Pâques, ce lundi, plusieurs détaillants n’ont pas caché leur frustration face à une situation qui paralyse pratiquement toute la vie économique de la zone.
Depuis les offensives des membres de la coalition criminelle “Viv Ansanm”, les quartiers du centre-ville de Port-au-Prince ont été durement frappés. Pillages, destructions, attaques ciblées, les marchands de l’avenue Christophe, à quelques encablures de l’avenue Jean Paul II, vivent désormais dans l’angoisse quotidienne.
Sur place, le constat est alarmant des étals clairsemés, une clientèle rare et des visages fermés. Une jeune marchande, déplacée du marché Salomon après avoir fui la violence des gangs, tente de reconstruire un semblant d’activité commerciale. “Je suis là depuis ce matin, j’ai installé mes produits alimentaires, mais il est midi et je n’ai vendu que pour 750 gourdes”, se désole-t-elle. “Les gens ont peur. Ce quartier est quasiment désert. Les bandits nous empêchent de vivre”, poursuit-elle, appelant les autorités à reprendre le contrôle de la situation.
Plusieurs commerçants affirment avoir été menacés à plusieurs reprises. Certains rapportent même des tentatives d’extorsion ou des attaques violentes. Pour eux, l’État reste invisible. “Les autorités ne font rien. On nous laisse à notre sort pendant que les bandits s’organisent”, lance un autre vendeur, visiblement excédé.
Cette tension survient dans un contexte où la coalition “Viv Ansanm” multiplie ses offensives pour étendre son contrôle sur des quartiers stratégiques de la capitale. Dans la nuit du 20 au 21 avril, une tentative d’incursion armée a été signalée dans la rue Capois, non loin de l’avenue Christophe, semant davantage la panique.
Alors que l’économie informelle représente une part importante de l’activité urbaine, cette instabilité chronique compromet non seulement les revenus de milliers de familles, mais aussi la sécurité alimentaire de nombreux foyers.
Face à ce calvaire, les commerçants attendent un signal fort de l’État. Une réponse urgente s’impose pour stopper l’hémorragie et permettre à ces citoyens de continuer à vivre dignement de leur travail.
Le gouvernement haïtien a exprimé sa profonde tristesse à la suite du décès du pape François, survenu ce lundi au Vatican. Dans un communiqué officiel, la Primature d’Haïti a rendu hommage à celui qu’elle décrit comme “un grand ami d’Haïti”, soulignant son engagement constant pour la justice, l’inclusion et les plus vulnérables.
« Par son humilité, sa voix toujours tournée vers les oubliés, et son engagement pour la justice et l’inclusion, il a incarné un leadership moral rare et profond », indique le communiqué. Le gouvernement haïtien a également rappelé que, dans les moments les plus difficiles de l’histoire récente du pays, le Pape François avait toujours exprimé sa solidarité, portant Haïti “dans sa prière et dans son cœur”.
Tout au long de son pontificat, François s’est distingué par des prises de position fortes en faveur des peuples marginalisés et des victimes de l’injustice à travers le monde. Il avait, à plusieurs reprises, adressé des messages de soutien à Haïti, notamment après des catastrophes naturelles ou lors de périodes d’instabilité politique.
Le gouvernement haïtien a présenté ses condoléances à l’Église catholique et à tous ceux, en Haïti et ailleurs, touchés par cette perte. « Le pays pleure un guide spirituel profondément attaché à la dignité humaine, à la paix et à la solidarité entre les peuples », conclut la note.
Un pontificat tourné vers les plus vulnérables
Jorge Mario Bergoglio, né en 1936 à Buenos Aires, a été élu pape en 2013, devenant ainsi le premier pontife originaire d’Amérique latine et le premier jésuite à accéder à la tête de l’Église catholique. Il avait choisi le nom de François en référence à saint François d’Assise, symbole de paix et de simplicité.
Durant ses douze années de pontificat, il s’est engagé pour la justice sociale, la protection de l’environnement, l’accueil des réfugiés et le dialogue interreligieux. Il a aussi poursuivi la lutte contre les abus sexuels au sein de l’Église. Sur des sujets sensibles comme l’avortement ou les droits des personnes LGBT, il a maintenu une ligne conservatrice, tout en appelant au respect et à l’écoute.
Décédé à l’âge de 88 ans, le pape François laisse derrière lui l’image d’un leader spirituel proche des peuples, notamment du peuple haïtien, auquel il a toujours manifesté une attention particulière.
L’organisation Médecins Sans Frontières (MSF) a présenté, ce mardi, son rapport d’activités couvrant la période de septembre 2024 à février 2025, lors d’une conférence de presse tenue à Pétion-Ville. Face à l’aggravation de la crise sécuritaire en Haïti, les responsables de la mission ont dressé un bilan préoccupant, tout en réaffirmant leur engagement auprès de la population.
Selon Benoît Vasseur, l’un des chefs de mission de MSF en Haïti, des plans sont à l’étude pour relancer les activités dans les centres de santé temporairement fermés en raison de l’insécurité, notamment ceux situés à Turgeau et à Carrefour.
Durant les six mois couverts par le rapport, les équipes de MSF ont réalisé 72 812 consultations générales, 10 418 consultations de santé maternelle et pris en charge 31 554 cas d’urgence. Par ailleurs, 4 891 survivants de violences sexuelles et basées sur le genre ont bénéficié de soins et de soutien.
MSF alerte également sur une recrudescence inquiétante des cas de choléra. À l’hôpital Drouillard, à Cité Soleil, 117 patients ont été admis pour suspicion de choléra entre septembre et janvier. En février, ce chiffre est monté à 177, dont 50 cas sévères nécessitant un transfert au centre de traitement du choléra de Fontaine.
Face à l’intensification des violences armées dans la région métropolitaine, MSF souligne une hausse notable des victimes. En moins de dix jours, ses équipes ont pris en charge 314 patients blessés, dont 90 directement touchés par des actes de violence.
Présente notamment à Delmas, Tabarre et dans d’autres zones sensibles de la capitale, l’organisation continue d’assurer des services médicaux gratuits, malgré les risques encourus.
Les femmes, principales victimes de la crise
Diana Manilla Arroyo, cheffe de mission de MSF, a pour sa part insisté sur la vulnérabilité accrue des femmes durant cette période de turbulences. « Dans nos centres, nous recevons un nombre élevé de femmes victimes de violences physiques et sexuelles », a-t-elle déclaré.
Appel à la stabilité pour poursuivre la mission
Malgré les nombreux obstacles, MSF réaffirme sa volonté de rester aux côtés de la population haïtienne. L’organisation espère un retour progressif à la sécurité pour pouvoir rouvrir les centres fermés et renforcer son soutien médical dans les zones les plus touchées.